New-York, été 2015
learning to fly
ça fait l’oiseau les pans de
la robe de chambre ouverte
par dessus son jean et son pull
quand elle
marche
dans le jardin jusqu’à
la boîte aux lettres
quatre heures de l’après-midi
une journée pour elle
courrier prospectus
elle ne referme pas
la boîte clac clac
sous le vent brisant
le silence des pavillons
bien rangés les fleurs
entourées de pierres
elle pense à un cimetière
learning to fly, pink floyd
perfect day
le bruit familier des enfants
à l’étage
et sous elle
rien
que le froid du carrelage
fenêtres ouvertes
l’odeur des pelouses rabotées
au centimètre près
pas un souffle d’air
elle s’allonge sur le carrelage
mains sur le ventre
pour vérifier
qu’elle respire encore
le monde est parfait
perfect day, lou reed
Deux poèmes (sur dix-huit) extraits de ordinaire, qui vient de paraître chez La Porte, un éditeur pas ordinaire.
La micro maison d’éditions La Porte est dirigée par Yves Perrine. Depuis des années, avec son épouse Monique, il plie, assemble et coud des recueils de poésie de quelques 16 ou 24 pages, rectangulaires au format 10×14 et à la jaquette toujours ivoire, cousus main et numérotés à 200 exemplaires.
À l’enseigne de la revue Poésie en voyage, les éditions La Porte d’Yves Perrine nous proposent, dans la tradition des rares et précieux “minuscules”, des ouvrages de nombreux auteurs comme Bernard Noël, Jean Rousselot, Andrée Chedid, Hélène Cadou, Max Alhau, Gilles Baudry, Antoine Emaz, Jean-Pierre Boulic, Jacques Ancet, Jean Lavoué, Marcel Migozzi, Gabrielle Althen, Guénane…
Avec toujours une prédilection pour les textes brefs, qu’il distille six fois par an par abonnement. Chaque recueil est tiré à 200 exemplaires et reste disponible au prix de 3,80 euros à l’adresse d’Yves Perrine (Yves Perrine, 215 rue Moïse Bodhuin, 02000 Laon).
(Denis Heudré)
Une expérience pas ordinaire, faite d’échanges uniquement par courrier postal (pour se « parler », pour corriger les épreuves). A tel point que, pour ses archives, Yves Perrine demande que l’on recopie à la main un poème de Rimbaud, et l’ensemble de ses propres poèmes, sur beau papier. Pas ordinaire, super !